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1572. de faire la guerre aux Tatars que de plaisanter à ma table : ils ne sont pas comme vous autres ! Ils ne s’endorment pas en pays ennemi et ne répètent pas sans cesse : il est temps de retourner chez nous. Quelle singulière idée t’est venue de te faire passer pour un homme de marque ? Il est vrai qu’obligé d’éloigner les perfides boyards qui nous entouraient, nous avons dû rapprocher de notre personne des esclaves, comme toi, de basse extraction ; mais tu ne dois pas oublier ton père et ton aïeul ! Oses-tu t’égaler à Divy ? La liberté te rendrait un lit voluptueux, tandis qu’elle lui mettrait un glaive à la main contre les chrétiens. Il doit suffire que protégeant ceux de nos esclaves qui nous servent avec zèle, nous soyons prêt à payer une rançon pour toi. » Griaznoï, vraiment esclave de cœur et d’âme, vil autant que fanfaron, lui répondit : « Non, seigneur, je n’ai pas dormi en pays ennemi. J’exécutais tes ordres, je recueillais des renseignemens pour la sûreté de ton empire, ne me fiant à personne et veillant jour et nuit. J’ai été pris couvert de blessures, au moment de rendre le dernier soupir, abandonné de mes lâches compagnons d’armes. J’exterminais au combat les ennemis du nom chrétien, et, pen-