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1572. et aux autres et ne manquerons pas de butin. » Il finissait par prier le tzar de lui céder au moins Astrakhan ; mais Jean lui répondit en vainqueur : « Afin d’éviter l’effusion du sang, nous avons, jusqu’ici, tâché de contenter notre frère Devlet-Ghireï, sans pouvoir y parvenir. Ses prétentions sont insensées ! Nous n’avons aujourd’hui que la Crimée pour ennemi ; tandis que si nous cédions au khan le fruit de nos conquêtes, bientôt Kazan, Astrakhan et les Nogaïs tireraient le glaive contre nous. » Devlet-Ghireï ayant enfin rendu la liberté à l’ambassadeur russe, Nagoï sollicita du tzar la même faveur pour celui de Crimée, Yan-Boldouï, qui, depuis dix-sept ans, languissait dans la captivité. Elle lui fut accordée ; mais ce dignitaire du khan n’eut pas le temps d’en jouir : il mourut à Dorogobouge. Devlet-Ghireï avait en son pouvoir Vassili Griaznoï, l’un des favoris de Jean, fait prisonnier par les Tatars, dans une reconnaissance près de Moloschniévody ; il offrait de l’échanger contre le mouzza Divy, proposition que le tzar ne voulut pas accepter, bien qu’il plaignît le sort de Griaznoï et qu’il lui écrivît des lettres amicales, dans lesquelles, selon son caractère, il ridiculisait les services de ce favori. « Tu as cru, lui disait-il, qu’il était aussi facile