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1572. de Philippe, fut renfermé dans le monastère de l’île Kameny : plusieurs autres complices du crime furent chassés avec ignominie de la présence du tzar. Le peuple satisfait voyait, dans leurs revers, la preuve que la Providence n’avait point abandonné la Russie à une aveugle fatalité : qu’il existait un vengeur éternel, et une justice céleste.

Le principal satellite de la tyrannie existait encore ! Maluta Skouratof, pour qui la faveur de Jean ne se démentit jamais, semblait, ainsi que son royal ami, réservé à un autre tribunal que celui des hommes. Par affection pour lui (si toutefois les tyrans peuvent en avoir pour personne) le monarque commençait alors la fortune d’un jeune homme, gendre de Maluta, et parent de la première épouse de Jean. Godounof. Boris Godounof, qui déjà nourrissait le germe des vertus d’un grand homme et d’une criminelle ambition, était comblé de tous les dons de la nature : il avait une taille majestueuse, une belle physionomie, un esprit pénétrant, et, dans ces temps de terreur, il se tenait auprès du trône ensanglanté, sans se souiller par une odieuse participation aux meurtres, funeste solidarité qu’il savait éviter avec adresse ! Il attendait une époque plus fortunée, et brillant au milieu des féroces oprit-