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1572. en Livonie, trouvait à Moscou soixante-dix mille vainqueurs prêts à de nouveaux triomphes ; mais sans tirer le glaive, sans effusion de sang, il lui était facile d’exécuter une grande œuvre, d’accomplir l’important projet de son père, et de replacer sous la domination de la Moscovie, en vertu d’une élection paisible et volontaire, les pays perdus dans les temps désastreux de Bâti, en y ajoutant encore l’ancien patrimoine des Piastes, c’est-à-dire de devenir roi de Pologne. Le trouble intérieur d’une âme haineuse pouvait seul l’empêcher de jouir d’une perspective si favorable à son ambition. Toutefois il semblait qu’en délivrant la Russie de la peste et de la famine, le Ciel eût voulu aussi adoucir le cœur d’un souverain qui avait éprouvé, par les horreurs d’une tyrannie sans exemple, l’inébranlable fidélité de ses sujets. Il n’apercevait plus l’ombre d’une résistance, le moindre danger pour sa personne : il avait exterminé ce qu’il appelait les ambitieux, les fiers amis d’Adaschef, vertueux et principaux agens de la première époque de son règne : leurs rangs, leurs richesses étaient devenus le partage de nouveaux dignitaires, muets complaisans de sa cruauté. Rassuré de la sorte, Licenciement de l’opritchnina. il abolit tout à coup, au joyeux étonnement de ses sujets, l’odieuse légion des