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1571. les faubourgs, tout fut détruit, et Moscou n’existait plus !…. Le Kremlin seul avait échappé au désastre ; c’était là, dans l’église de l’Assomption, que s’était enfermé le métropolitain avec les objets du culte et le trésor. Le palais favori de Jean, situé à l’Arbath, n’offrait plus que des ruines. Le nombre d’hommes qui périrent dans cette fatale journée est incroyable, car il fut de plus de cent vingt mille soldats ou citoyens, sans compter les femmes, les enfans, et les habitans des campagnes réfugiés à Moscou ; ce qui, en total, s’éleva jusqu’à huit cent mille âmes (92). Le prince Belzky fut trouvé mort dans une cave de son hôtel ; le boyard Michel Voronoï, Arnolphe Linsey, premier médecin de Jean, ainsi que vingt-cinq négocians anglais, subirent le même sort ; des cadavres d’hommes et de chevaux à demi-brùlés étaient amoncelés sur les cendres. Celui, rapporte un témoin oculaire, qui a vu cette catastrophe, s’en souvient toujours avec un nouvel effroi, et prie Dieu de lui épargner à jamais un aussi affreux spectacle (93).

Devlet-Ghireï était satisfait ! il ne jugea pas à propos d’assiéger le Kremlin, et, après avoir contemplé, du sommet des montagnes de Vorobief, un espace de trente verstes (94) couvert de cendres fumantes, triste monument de son