Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1571.
Invasion du khan.
Ses inquiétudes ne tardèrent pas à renaître ; car, à l’approche du printemps, le khan, qui avait rassemblé toutes ses hordes, envahit, à la tête de plus de cent mille hommes, et avec une incroyable promptitude, les contrées méridionales de la Russie. Là, il rencontra quelques enfans-boyards fugitifs, bannis de Moscou par la terreur. Ces traîtres lui annoncèrent que, dans l’espace de deux années, la famine, la peste et de continuelles exécutions avaient détruit la plus grande partie de l’armée de Jean, dont les restes se trouvaient en Livonie, ou en garnison dans des forteresses. Le chemin de Moscou, disaient-ils, est ouvert : à peine le tzar pourra-t-il, par point d’honneur, feindre de se mettre en campagne avec ses opritchniks peu nombreux, et bientôt il s’enfuira dans les déserts du nord. Nous répondons sur nos têtes de la sincérité de ces rapports, et nous serons les guides fidèles de l’armée tatare. Malheureusement ces perfides avaient dit la vérité. Le nombre des voïévodes, ainsi que des troupes disciplinées, était considérablement diminué. Les princes Belzky, Mstislavsky, Vorotynsky ; les boyards Morozof et Schérémétief firent de promptes dispositions pour occuper les rives de l’Oka ; elles devinrent inutiles (90) ; car les Tatars, évitant leur rencontre,