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1560 — 1561. le parti des exiles, et de rester fidèles au tzar. Les uns le prêtèrent avec joie, les autres à regret, prévoyant quelles en seraient les conséquences. Tout ce qui, auparavant, avait passé pour mérite et pour moyen de plaire au souverain, devint dès lors condamnable, comme souvenir d’Adascheff et de Sylvestre. « Eh quoi ! pleurerez-vous éternellement votre épouse ? disait-on à Jean ; vous en trouverez une autre aussi belle : songez que l’excès du chagrin peut nuire à votre précieuse santé. Dieu et votre peuple exigent que, dans un malheur terrestre, vous cherchiez aussi des consolations terrestres. » Jean avait sincèrement aimé la tzarine, mais il avait dans le caractère une légèreté incompatible avec les profondes impressions de la douleur. Il écouta sans colère la voix de ses consolateurs, et huit jours après la mort d’Anastasie, le métropolitain, les évêques et les boyards lui proposèrent solennellement de chercher une nouvelle épouse. On voit que, dans ce siècle, les convenances n’étaient, point rigoureusement observées. Après avoir distribué aux églises et aux pauvres quelques milliers de roubles en mémoire d’Anastasie, le tzar envoya de riches aumônes à Jérusalem et en Grèce ; ensuite il déclara, le 18 août, qu’il