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1560 — 1561. immortel dans nos annales, l’honneur de son temps et de l’humanité, cet illustre favori parut avec les vertus du tzar et disparut avec elles !… Phénomène étonnant dans ce siècle, il ne saurait être expliqué que par cette puissance d’une volonté forte pour le bien, dont l’inspiration divine sait éclairer l’esprit au milieu des ténèbres de l’ignorance et qui, bien plus sûrement que les lumières de la science, conduit les hommes à la véritable grandeur. Adascheff devait quelque aisance à la faveur de Jean ; mais il ne connaissait d’autre luxe que celui de la bienfaisance : il nourrissait les pauvres et soignait dans sa maison un grand nombre d’incurables, accomplissant avec zèle les devoirs d’un vrai chrétien et se souvenant toujours des misères humaines.

Commencement de la tyrannie. Tel fut le commencement d’un mal dont les suites ne tardèrent pas à se développer. Les deux grands mobiles du règne fortuné de Jean étaient détruits ; toutefois, les amis et les principes d’Adascheff existaient encore. Après avoir consommé sa perte, il fallait détruire cet esprit dangereux aux calomniateurs de la vertu, contraire au souverain lui-même dans ces nouvelles circonstances. On exigea des boyards, ainsi que de tous les seigneurs, le serment d’abandonner