Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1570. manière miraculeuse (56). Son imagination lui représenta vivement avec quel sentiment douloureux les citoyens allaient aux matines prier pour la dernière fois le Très-Haut de les sauver du courroux de leur souverain ; avec quelle ferveur ils se prosternaient, baignés de larmes, au pied des autels ! L’idée que Dieu entend la voix des affligés toucha cette âme si endurcie !…. Dans un inexplicable élan de pitié, il dit à ses généraux : Émoussez vos glaives sur la pierre ; que les meurtres cessent !…. Pskof sauvée. Le lendemain il entra dans la ville et vit avec étonnement devant toutes les maisons, des tables dressées et couvertes de mets, d’après le conseil du prince Tokmakof. Les citoyens, à la tête de leurs familles, présentant au prince du pain et du sel, fléchissaient les genoux devant lui, le bénissaient. « Seigneur, disaient-ils, recevez de nous, vos fidèles sujets, le pain et le sel que nous vous offrons avec amour ; disposez de notre vie et de nos biens, car tout ce que nous possédons est à vous, aussi bien que nos personnes. » Cette soumission inattendue fut agréable à Jean. Cornélius, abbé du monastère de Petchersky, à la tête du clergé, le reçut sur la grande place. Après le Te Deum chanté dans le temple de la Trinité, le prince salua le tom-