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1570. leurs enfans à la mamelle, tandis que les hommes d’armes moscovites, armés de pieux, de lances et de haches, se promenaient en bateaux sur le Volkhof, perçant, mettant en pièces ceux des infortunés qui surnageaient à la surface de la rivière. Ce massacre dura cinq semaines et se termina par un pillage général. Jean, suivi de sa légion, visita tous les monastères des environs ; partout il fit enlever les trésors des églises, dévaster les bâtimens, détruire les chevaux, le bétail, brûler les grains ; Novgorod fut également pillée de fond en comble. Le tzar, en personne, parcourait les rues, regardant ses avides soldats assiéger les maisons et les magasins, enfoncer les portes, escalader les fenêtres, se partager les étoffes de soie et les pelleteries, brûler le chanvre et les cuirs, jeter dans la rivière la cire et le suif. Des bandes de ces brigands furent aussi envoyés dans les domaines de Novgorod pour y piller et exterminer les habitans, sans distinction, sans examen. Ce fléau dévastateur, ce bouleversement, cette désolation de Novgorod-la-Grande, dura, dit l’annaliste, six semaines entières.

Le 12 février, lundi de la seconde semaine du grand carême, au lever du soleil, le tzar fit appeler devant lui ceux des novgorodiens de dis-