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fois 1569. ambitieuse, mais qui, alors, sous l’humble habit monastique, ne songeait plus qu’au salut de son âme, suivit le sort de son fils : elle fut noyée dans la rivière de Cheksna ainsi qu’une autre religieuse, la vertueuse Alexandrine, belle-sœur de Jean. Son crime était sans doute d’avoir versé des larmes sur les victimes de la fureur du tzar !

La destinée de l’infortuné Vladimir excita une compassion générale : on oublia la crainte ; on le pleurait dans les maisons et dans les temples. Personne sans doute n’ajoutait foi à l’attentat supposé contre la vie du monarque ; on ne voyait qu’un odieux fratricide, inspiré par la haine plutôt que par des soupçons. Si Vladimir ne possédait pas d’éminentes qualités, il en avait de louables : il aurait pu régner sur la Russie et il n’en eût point été le tyran ! Depuis long-temps sa disgrâce était évidente ; cependant sa fermeté ne se démentit jamais : il attendait sa perte inévitable avec la résignation d’un chrétien, inspirant à tous les gens de bien une sorte d’attendrissement qui lui conciliait leur amour. Jean entendait sinon les reproches, du moins les gémissemens des généreux Russes, et il voulut par la découverte d’un complot prétendu prouver la nécessité de ses actes de rigueur pour