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1560 — 1561. qu’il aimait sincèrement la vertu, dont il avait goûté les charmes, mais qu’enfin, emporté par ses passions, comprimées jusqu’alors et non pas déracinées, il oublia les principes de cette générosité que lui avaient inspirée ses sages instituteurs. En effet, n’est-il pas plus facile de changer que de se contraindre si long-temps, surtout pour un monarque absolu, qui, d’un seul mot, pouvait à chaque instant briser cette chaîne supposée ? Adascheff, au milieu du conseil, n’avait point, il est vrai, approuvé la guerre de Livonie ; néanmoins, comme sujet, comme ministre, comme guerrier, il était l’âme de cette expédition et servait à Jean d’instrument actif pour y obtenir des succès. Ainsi, le monarque jouissait donc de toute son autorité : il commandait, et, en dépit de ses plaintes, il n’était point l’esclave de ces favoris.

Après la lecture du procès-verbal qui contenait les crimes d’Adascheff et de Sylvestre, plusieurs des juges déclarèrent que ces scélérats étaient convaincus et devaient être condamnés ; d’autres, les yeux baissés, gardèrent le silence. Alors, le vénérable métropolitain Macaire, à qui son grand âge et la dignité de chef de l’Église imposaient l’obligation de déclarer la vérité, fit sentir au tzar qu’il était nécessaire d’appeler et