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dait 1565—1569. à voir éclater le courroux du tzar ; il accueillit au contraire Randolph avec bonté, l’assura de l’amitié qu’il portait à sa chère sœur Élisabeth, et rendit ses bonnes grâces aux marchands anglais. Une autre fois il eut avec lui, pendant la nuit, une entrevue de trois heures, à la suite de laquelle il expédia à la reine un gentilhomme nommé Savin, chargé d’une mission secrète, dont nous ne connaissons l’objet que par la réponse d’Élisabeth, conservée dans nos archives. Cette mission est fort curieuse et sert à démontrer toute la pusillanimité de Jean. Sans avoir encore essuyé de revers, ce prince, qui effrayait les puissances environnantes, éprouvait une secrète terreur, redoutait un châtiment, ne rêvait que révolte, bannissement ; Le tzar forme le projet de fuir eu Anleterre. il ne rougit pas d’écrire à Élisabeth pour lui communiquer ses craintes et lui demander, en cas d’événement, un refuge dans son royaume : humiliation digne d’un tyran ! Guidée par la prudence, Élisabeth lui répondit qu’elle formait des vœux pour le voir régner avec gloire sur la Russie ; mais qu’elle était prête à le recevoir en Angleterre, avec sa femme et ses enfans, si, par suite d’une secrète conspiration, des séditieux ou ses ennemis extérieurs le forçaient de quitter sa patrie. Elle ajoutait qu’il serait libre de vivre dans telle