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1560 — 1561. l’âge, je me sois décidé à me montrer en homme, à secouer le joug imposé à mes États par un prêtre artificieux et par Alexis, mon ingrat serviteur ? etc., etc. » Il est digne de remarque que Jean ne leur reproche point la mort d’Anastasie, et que son silence à cet égard atteste la fausseté de cette absurde accusation. Tous les autres griefs sont ou douteux ou déraisonnables dans la bouche d’un monarque de trente ans, qui, par l’aveu de son esclavage prétendu, dévoilerait le secret de sa déplorable faiblesse. Sans doute Adascheff et Sylvestre, partageant les erreurs de l’humanité, avaient pu se laisser aveugler par l’ambition ; mais Jean leur a cédé, par cette accusation indiscrète, la gloire d’un des plus beaux règnes de notre histoire. Nous verrons bientôt comment il gouverna sans leur secours ; d’ailleurs, s’il est vrai que depuis 1547 jusqu’en 1560, la Russie fut administrée par les favoris de Jean, au lieu de l’être par lui-même, il eût été à souhaiter pour le bonheur du tzar et de ses sujets, que ces hommes vertueux n’abandonnassent point le timon de l’État ; car mieux vaut encore être forcé à faire le bien que d’opérer le mal de franc arbitre. Il est beaucoup plus vraisemblable que, pour leur donner des torts, Jean se calomnie lui-même ; tout annonce