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1560 — 1561. les boyards, distribué les villes et les domaines à leurs partisans, introduit des gens de leur choix dans le conseil, donné tous les emplois à leurs créatures. Je fus esclave sur le trône. Pourrais-je jamais décrire tout ce que j’ai souffert dans ces jours de honte et d’humiliation ? Avec une poignée de soldats, on les a vus traîner leur monarque comme un captif, à travers un pays ennemi (celui de Kazan), sans égard pour sa santé, sans s’occuper des périls dont ses jours étaient menacés ; ils inventaient de puérils sujets d’épouvante pour jeter la terreur dans mon âme ; ils voulaient me rendre supérieur à la nature humaine, s’opposaient à ma volonté de visiter les saints-monastères et de châtier les Allemands. À ces crimes, ils ont joint la perfidie ; lorsque j’étais au lit de la mort, n’ont-ils pas voulu, traîtres à leur conscience et à leurs sermens, choisir un autre tzar, à l’exclusion de mon fils ? Loin d’être attendris, ou corrigés par notre grandeur d’âme, comment l’ont-ils reconnue, ces cœurs durs et cruels ? Par de nouveaux outrages ! Ils ont détesté, calomnié la tzarine Anastasie, et se sont toujours montrés les amis du prince Wladimir. D’après ces motifs, est-il donc étonnant qu’à la force de