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1565—1569. divines et humaines de livrer Catherine au tzar, d’enlever une femme à son époux, une mère à ses enfans. Ils ajoutaient que, par une action aussi opposée aux préceptes de la religion chrétienne, le tzar se déshonorerait à jamais, et qu’Érik pouvait procurer à Jean une autre sœur de Sigismond, encore à marier. Enfin, disaient-ils, c’est à l’insu du roi que les ambassadeurs suédois ont conclu le traité relatif à Catherine. Le boyard moscovite ne ménagea dans ses réponses, ni les conseillers, ni leur maître. Il leur démontra qu’ils étaient des imposteurs, des parjures, et sollicita vivement une entrevue avec Érik. Ce malheureux roi se trouvait dans une déplorable situation. Plusieurs actes cruels, insensés, avaient excité contre lui la haine générale, il craignait également le peuple et la noblesse ; déchiré de remords, sa raison s’égarait, et il venait à peine de rendre la liberté à son frère que déjà il songeait à l’emprisonner de nouveau. Dans le trouble qui l’agitait, livré à une terreur pusillanime, tantôt il déclarait aux ambassadeurs russes qu’il allait se rendre à Moscou ; tantôt il voulait envoyer Catherine au tzar (36). Enfin l’orage amoncelé sur sa tête vint à éclater : le 29 septembre 1568, les envoyés moscovites aperçurent, dans la capitale, une