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1560 — 1561. pour lui demander à être jugés et confrontés avec leurs accusateurs ; ce n’était pas là le projet de ceux-ci ; ils représentèrent à Jean que venimeux comme des basilics ils pourraient, d’un regard, l’ensorceler de nouveau ; que chéris du peuple, de l’armée, de tous les citoyens, ils exciteraient des troubles, et que la crainte fermerait la bouche aux délateurs : en conséquence, le monarque ordonna de juger les accusés par contumace. Le métropolitain, les évêques, les boyards, un grand nombre de fonctionnaires ecclésiastiques et civils se rassemblèrent à cet effet au palais. Au nombre des juges, se trouvaient Vassian Bessky et Missaïl Soukin, moines artificieux, principaux ennemis de Sylvestre ; on fit lecture d’une série d’accusations, dont le tzar lui-même rend compte dans une lettre au prince André Kourbsky. « Pour le salut de mon âme, lui dit—il, j’avais attaché à ma personne le prêtre Sylvestre, dans l’espoir que, par son caractère et son mérite, il pourrait me guider au bien ; mais cet homme rusé et hypocrite, dont la douce éloquence est parvenue à me séduire, n’a pensé qu’aux grandeurs de ce monde ; il s’est associé à Adascheff pour gouverner l’État au nom d’un souverain qu’ils méprisaient. Ils ont réveillé l’esprit d’insubordination parmi