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1565—1569. largesses les officiers du khan ; entretenait de nombreux espions ; réfutait les faux bruits que l’on faisait courir sur la mort de Jean ; de sorte qu’instruit de tout ce qui se passait, il donna avis à ce prince des intelligences que Devlet-Ghireï entretenait avec les tatars de Kazan, les Mordviens et les Tchérémisses. « De secrets émissaires de ces traîtres, écrivait-il, assurent aux Tatars qu’en entrant dans leur pays, ils trouveront soixante-dix mille auxiliaires zélés et qu’à Kazan comme à Sviajsk, on massacrera les Russes jusqu’au dernier. » Devlet-Ghireï voulut forcer Nagoï à quitter la Tauride ; mais, en sujet dévoué aux intérêts de son maître, celui-ci répondit : je mourrai ici ou je n’en sortirai qu’après l’arrangement des affaires, voulant parler de la paix qu’il conservait l’espoir de conclure ; car le parti de la Russie ou celui de la Pologne avaient tour à tour le dessus dans le conseil du khan. Par exemple en 1567, Devlet-Ghireï ravagea, sous l’autorisation du sultan, une partie des possessions du roi, pour n’avoir pas payé le tribut avec exactitude : toutefois il ne se déterminait pas, pour cela, à ratifier la paix avec les Russes. Il demandait à Jean de plus riches dons, de la valeur de ceux que Moscou envoyait jadis à Mahmed-Ghireï, et lui faisait défense de