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1568. de faux témoignages ; on le présenta au tzar, et le métropolitain reçut l’ordre de comparaître devant son tribunal, composé du souverain, des évêques et des boyards. Le plus profond silence régnait dans cette assemblée, et le prieur Payssi, faisant l’office d’accusateur, calomniait le saint homme avec une inconcevable audace. Au lieu d’entrer dans une justification devenue inutile, le métropolitain se contenta de dire tranquillement à Payssi que le mauvais grain qu’il semait ne lui rapporterait point d’heureux fruits ; ensuite s’adressant au tzar : prince, lui dit-il, vous pensez que je vous crains ou que je redoute la mort : désabusez-vous ! Parvenu avec honneur à une vieillesse avancée ; étranger pendant ma vie solitaire aux passions tumultueuses, aux intrigues du monde, je n’ai d’autre ambition que celle de remettre, dans le même état, mon âme entre les mains du Très-Haut, mon souverain maître et le vôtre : mieux vaut périr, martyr innocent, que de souffrir en silence, dans la dignité de métropolitain, les horreurs, les impiétés de ce malheureux temps. Agissez comme il vous plaira à mon égard. Voici le bâton pastoral, voici la mitre blanche et le manteau, marques d’honneur dont vous m’avez revêtu. Et vous, prélats, archimandrites, abbés, serviteurs