Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tain 1568. occupait sa place ordinaire ; le tzar s’approche de lui et attend sa bénédiction ; mais sans proférer une parole, le prélat avait les yeux fixés sur l’image du Sauveur. Saint père ! lui dirent alors les boyards, voici le prince, donnez-lui votre bénédiction. Alors Philippe jetant un regard sur Jean, répondit : non ! dans cet appareil, sous ces étranges vêtemens, je ne puis reconnaître le tzar orthodoxe. Je ne le reconnais pas davantage dans le gouvernement de l’Empire… Ô prince ! nous offrons en ces lieux des sacrifices au seigneur, et derrière l’autel le sang de chrétiens innocens coule à grands flots : jamais, depuis que le soleil luit aux yeux des mortels, on n’a vu un monarque, éclairé de la vraie foi, déchirer aussi cruellement ses propres États (29) ! Chez les païens eux-mêmes, dans les pays infidèles, on trouve des lois, de la justice, de la compassion pour les hommes ; il n’en existe point en Russie ! Les biens, la vie des citoyens n’ont plus de garanties : on ne voit que meurtres, que brigandage, et tous ces crimes se commettent au nom du tzar ! Vous êtes élevé sur le trône, mais il est un être-suprême, notre juge et le vôtre. Comment paraîtrez-vous devant son tribunal couvert du sang des justes ? étourdi de leurs cris de douleur ? car les pierres que vous