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rain 1560 — 1561. des services d’une autre nature ; il accepta le rang de voïévode, et partit pour la Livonie : quant à Sylvestre, après avoir donné sa bénédiction au jeune monarque, il se retira dans la solitude d’un monastère. Cette retraite, source de chagrin pour leurs amis, laissait triompher leurs ennemis, qui exaltaient la sagesse du tzar et lui disaient : « C’est maintenant que vous êtes véritablement souverain, véritablement l’oint du Seigneur. Seul vous gouvernez votre pays : vous avez ouvert les yeux, et votre regard plane en liberté sur tout votre Empire. » Cependant, les favoris renversés leur parurent dangereux encore, même dans l’exil. Malgré sa disgrâce, Adascheff était généralement honoré dans l’armée ; les habitans de la Livonie avaient pour lui la plus grande considération : tout rendait hommage à ses qualités et à ses talens. Sylvestre, dans son humble retraite, brillait également de l’éclat des vertus chrétiennes : les moines l’admiraient comme un modèle de piété, de douceur et de charité. Le tzar pouvait apprendre ces détails, céder au repentir et rappeler les exilés : on résolut donc de combler la mesure d’iniquité, et de rendre le monarque si injuste, si coupable envers ces deux hommes, qu’une réconciliation sincère devînt désormais impossible entre eux.