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més 1567. de longs poignards, de haches, parcouraient la ville pour chercher des victimes, immolant publiquement de dix à vingt personnes par jour. Dans les rues, sur les places, on voyait partout des cadavres auxquels personne n’osait donner la sépulture ; car les citoyens craignaient de sortir de leurs maisons, et le lugubre silence qui régnait dans Moscou n’était interrompu que par les cris féroces des bourreaux du tzar. Le vertueux métropolitain lui-même était muet pour les citoyens et les boyards désespérés. Mais Dieu voyait son cœur ! Dans ses secrètes exhortations au tzar, il lui adressait les plus sanglans reproches, malheureusement inutiles, car ce prince l’évitait et ne voulait plus le voir : les gens de bien venaient trouver Philippe ; ils lui montraient en gémissant les rues teintes de sang, et ce vertueux prélat consolant les affligés au nom du Père céleste, leur promettait de ne pas épargner sa vie pour sauver celle de ses compatriotes, engagement sacré qu’il sut remplir.

1568. Un dimanche, à l’heure de la messe, Jean, accompagné de quelques boyards et d’une foule de satellites, se présente dans la cathédrale de l’Assomption, couvert, lui et sa suite, de soutanes noires et de bonnets élevés : le métropoli-