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1567. neur que tu ambitionnais ; mais si j’ai eu la puissance de te créer souverain, j’ai aussi celle de te précipiter du trône. À ces mots il lui enfonce un poignard dans le cœur. Ses satellites achèvent le vieillard, traînent hors du palais son corps défiguré et l’abandonnent aux chiens. La femme de cet infortuné fut également égorgée. Ensuite on punit de mort tous les prétendus complices de l’innocent Féodorof, tels que les princes Kourakin-Boulgakof, Dmitri Riapolovsky, illustre guerrier qui avait remporté plusieurs victoires sur les Tatars de Crimée, et trois princes Rostovsky, dont l’un était voïévode à Nijni-Novgorod (26). Trente légionnaires expédiés de Moscou vinrent le trouver au moment où il était en prières à l’église, et lui dirent : Prince Rostovsky, au nom du tzar, vous êtes notre prisonnier. Le voïévode, à ces mots, ayant jeté son bâton de commandement, se remet entre leurs mains. On le dépouille et on le conduit, entièrement nu, jusqu’à vingt verstes de la ville, sur les bords du Volga, où l’on s’arrêta. Que voulez-vous faire ? demande-t-il de sang froid : Nous allons abreuver nos chevaux, lui répondent les opritchniks. Ce ne sont pas les chevaux, dit le malheureux, c’est moi qui dois boire de cette eau ! Au même instant il est décapité, et on