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sante 1567. à ses yeux, mais de peu d’importance pour la Russie ; car un citoyen qui laisse aux ennemis l’espoir de l’engager un jour à la trahison, est en quelque sorte environné déjà des ombres du soupçon. Pour cette fois les princes Belzky, Mstislavsky et Vorotinsky furent épargnés ; mais Féodorof, homme fidèle aux anciens usages, honoré pour ses exploits, blanchi dans l’administration de l’État, revêtu depuis dix-neuf ans de la dignité de grand-écuyer, seigneur généreux, magnifique, se vit tout à coup l’objet de la calomnie. Il faisait encore son service avec zèle, achevant ses jours auprès de sa sainte épouse, dont il n’avait pas eu d’enfant ; il se préparait, en un mot, à rendre compte de sa vie au tribunal suprême, lorsque son juge terrestre le déclara chef de conspirateurs, croyant ou plutôt feignant de croire que ce débile vieillard songeait à détrôner le tzar pour régner sur la Russie. Jean eut l’air empressé de déjouer cette prétendue conjuration alarmante : en présence de toute sa cour (25), il revêtit Féodorof des ornemens royaux, plaça la couronne sur sa tête, le fit asseoir sur le trône, un sceptre dans la main ; puis, se découvrant, il lui fit une profonde inclination et dit : Salut, ô grand tzar de Russie ! tu reçois de moi l’hon-