Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1566. mouvement de colère, et répondit avec calme : Ignorez-vous donc que les miens veulent me dévorer ? que mes proches préparent ma perte ? Il commença à démontrer la nécessité de sa nouvelle institution ; mais impatienté bientôt par les courageuses objections du vieillard, il lui ordonna de se taire. Chacun pensa que Philippe serait, comme Germain, ignominieusement éloigné. On vit le contraire. Jean ne voulait point encore lui donner la gloire d’être persécuté pour sa vertu ; il désirait seulement l’engager au silence, le faire paraître faible aux yeux de la Russie, et le rendre, pour ainsi dire, complice des principes de son règne, projet dans l’exécution duquel les principaux prélats lui servirent d’instrumens. D’après ses ordres, ils supplièrent Philippe d’accepter, sans conditions, la dignité de métropolitain ; de ne songer qu’au bien de l’Église, et, au lieu d’irriter le monarque par son audace, de calmer, au contraire, son courroux ; d’employer la douceur pour le convertir. Ils prétendaient que, dans cette occasion, la fermeté de Philippe serait la preuve d’un orgueil incompatible avec l’esprit d’un véritable serviteur de Jésus-Christ ; le devoir d’un prélat étant de prier et de guider le tzar sur la voie du salut, mais non pas de s’ingérer des affaires du