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1560 — 1561. Kazan, irrité contre un voïévode, il dit aux grands de la cour, avec l’accent de la colère : « Maintenant je ne vous crains plus ! » Cependant, la générosité dont il avait fait preuve après sa maladie, avait dissipé toutes les inquiétudes. Treize années, les plus belles de sa vie, passées dans l’accomplissement fidèle des devoirs sacrés d’un souverain, semblaient être le gage d’un invariable amour du bien : malgré le refroidissement des sentimens du tzar pour ses favoris, il n’avait pourtant pas changé ouvertement de principes. La décence régnait encore dans le palais du Kremlin ; le zèle et une noble franchise étaient encore l’âme du conseil. Seulement, dans les affaires où la vérité, le bon droit n’étaient pas évidens, et laissaient quelques doutes, Jean se plaisait à contredire ses ministres. Les choses se passèrent de la sorte jusqu’au printemps de l’année 1560.

À cette époque, la froideur du tzar envers Adascheff et Sylvestre se manifesta d’une manière si positive, que tous les deux reconnurent la nécessité de s’éloigner de la cour. Le premier, qui avait occupé jusqu’alors la place la plus importante au conseil ; qu’on avait toujours employé dans les négociations avec les puissances de l’Europe, voulut encore rendre à son souve-