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céder 1565. pour les innocens et même en faveur des coupables, encore dignes de clémence. Ce despote menaçant, comme s’il eût été touché de la soumission des victimes qu’il venait de dévouer, ordonna aux évêques de célébrer avec lui la fête de l’Épiphanie. Il retint dans la Slobode les princes Belzky et Tchéniatef, laissant retourner à Moscou les autres boyards ou fonctionnaires, afin de ne point interrompre le cours des affaires. La capitale impatiente attendit long-temps le retour du tzar : il s’occupait, disait-on, avec ses courtisans, d’une affaire secrète que l’on tremblait de deviner. Enfin, le 2 février, il fit son entrée solennelle ; et, dès le lendemain, il convoqua le clergé, les boyards, tous les nobles et les magistrats : son aspect excita dans l’assemblée un profond étonnement. Nous allons décrire ici l’extérieur de Jean IV : ce prince, grand, bien fait, avait les épaules hautes, les bras musculeux, la poitrine large, de beaux cheveux, de longues moustaches, le nez aquilin ; de petits yeux gris, mais brillans, pleins de feu, et au total une physionomie qui avait eu autrefois de l’agrément (6). À cette époque il était tellement changé, qu’à peine on pouvait le reconnaître. Une sombre férocité se peignait dans ses traits déformés. Il avait l’œil éteint, il était