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fixèrent en Russie, mais nous ne connaissons point de nation plus ancienne dans les climats septentrionaux et orientaux de cet empire. Ce peuple nombreux, qui embrassait et qui embrasse encore de nos jours une si grande partie de l’Europe et de l’Asie, n’avait point d’historien, car jamais il n’a fait parler de ses victoires. Loin de songer à conquérir des terres étrangères, on lui a vu presque toujours céder les siennes. Il abandonna aux Goths la Suède et la Norvège, et la Russie aux Slaves : « Ne cherchant leur sûreté que dans la misère, ils n’avaient, dit Tacite, ni maisons, ni chevaux, ni armes ; ils se nourrissaient d’herbes, s’habillaient de peaux d’animaux, et se mettaient, sous des branches d’arbres entrelacées, à l’abri des injures de l’air (49). » Dans la peinture que Tacite nous trace des anciens Finois, nous reconnaissons en partie ceux d’aujourd’hui, et surtout les Lapons qui ont conservé les mœurs grossières de leurs ancêtres, leur pauvreté et la paisible incurie de l’ignorance : « Sans crainte de la cupidité des hommes, ni du courroux des dieux, ajoute cet éloquent historien, ils ont acquis le bien le plus précieux en ce monde, le bonheur d’être indépendant du sort. »

Mais les Finois-Russes n’étaient, selon Nestor,