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POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


ce sont là des jugements d’une valeur purement subjective. Je ne demande pas de sentir toujours ainsi, ou que chacun sente comme je dois sentir. Ces jugements n’expriment qu’un rapport de deux sensations à un même sujet, moi-même, et moi seulement dans mon état actuel de perception, et ne valent par conséquent pas relativement à l’objet ; je les appelle donc des jugements perceptifs. Il en est tout autrement du jugement expérimental. Ce que l’expérience m’apprend dans certaines circonstances, elle doit me l’apprendre toujours et à chacun, et sa valeur ne se borne pas au sujet ou à son état du moment. J’énonce donc tous ces jugements comme objectivement valables, lors, par exemple, que je dis : L’air est élastique, ce jugement n’est immédiatement qu’un jugement de perception ; je rapporte deux sensations l’une à l’autre dans mes sens. Pour que je puisse l’appeler un jugement d’expérience, il faut que cette liaison soit soumise à une condition qui la rende universellement valable. Il faut donc que je sois toujours et que chacun soit comme moi dans la nécessité de faire cette liaison dans les mêmes circonstances.

    uniquement à la sensation, que chacun connaît d’une manière purement subjective, et qu’ils ne peuvent par conséquent jamais être objectifs. Je voulais seulement donner un exemple du jugement d’une valeur purement subjective, et qui ne renferme aucune raison d’une valeur nécessairement universelle et d’un rapport à l’objet. On verra dans la note suivante l’exemple des jugements de perception, qui sont des jugements d’expérience par l’addition d’une notion intellectuelle.