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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


des propositions apodictiques, lois auxquelles la nature est soumise. Je n’en donnerai ici comme preuve que cette propédictique de la physique, qui sous le titre de physique universelle, précède toute autre physique (qui est fondée sur des principes empiriques). On y trouve une mathématique appliquée à des phénomènes, et des principes purement discursifs (par notions) qui constituent la partie philosophique de la connaissance pure de la nature. Mais il s’y trouve cependant beaucoup de choses encore qui n’est pas entièrement pur et indépendant des sources de l’expérience : comme la notion du mouvement, de l’impénétrabilité (fondement de la notion empirique de la matière), de l’inertie, etc., qui ne permettent pas de l’appeler tout à fait une physique pure. De plus elle ne concerne que les objets des sens extérieurs, et ne donne ainsi aucun exemple d’une physique universelle dans l’acception stricte du mot, physique qui doit soumettre à des lois universelles la nature en général, qu’il s’agisse par là de l’objet des sens externes ou de l’objet du sens intime (de la physique ou de la psychologie). Or parmi les principes de cette physique universelle, il en est qui possèdent réellement l’universalité désirée, telles sont les propositions : que la substance demeure et persiste, que tout ce qui arrive est toujours déterminé antérieurement par une cause suivant des lois constantes, etc. Ces lois physiques sont réellement universelles, qui existent pleinement a priori. Il y a donc en réalité une physique pure. Il s’agit maintenant de savoir comment elle est possible.