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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


dantale des notions dans l’espace et le temps, et du même coup la possibilité d’une mathématique pure qui, sans une déduction de cette sorte, et sans la supposition « que tout ce qui peut s’offrir à nos sens (aux externes dans l’espace, à l’interne dans le temps) n’est perçu par nous que comme il nous apparaît, non comme il est en soi », pourrait être accordée sans doute, mais point perçue.


§ XIII.

Ceux qui ne peuvent pas encore s’affranchir de l’idée que l’espace et le temps sont des propriétés réelles qui tiennent aux choses en soi, peuvent exercer leur sagacité au paradoxe suivant, et quand ils en auront vainement cherché la solution, libres au moins pour un instant de préjugés, soupçonner cependant qu’il pourrait bien se faire en effet que l’espace et le temps ne fussent que de simples formes de notre intuition sensible.

Si deux choses sont parfaitement identiques dans toutes les parties qui peuvent toujours être connues en soi (dans toutes les déterminations appartenant à la quantité et à la qualité), il doit se faire cependant que l’une peut être placée dans tous les cas et sous tous les rapports à la place de l’autre, sans que cette substitution occasionne la plus légère différence appréciable. Il en est ainsi en réalité des figures planes en géométrie ; mais des figures sphériques, malgré ce parfait accord interne, prouvent qu’au point de vue