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EN GÉNÉRAL.

La nature fonde donc sa légitimité sur des principes a priori de l’entendement comme faculté de connaître. L’art se dirige dans sa finalité a priori d’après le jugement par rapport au sentiment du plaisir et de la peine. Enfin les mœurs (comme produit de la liberté) sont soumises à l’idée.d’une forme de la finalité qui se qualifie de loi universelle, comme principe de détermination de la raison par rapport à l’appétit. Les jugements qui résultent ainsi de principes a priori propres aux facultés fondamentales de l’âme, sont des jugements théoriques, esthétiques et pratiques.

Tel est le système des facultés de l’âme dans ses rapports avec la nature et la liberté, deux choses dont chacune a ses principes a priori déterminants propres, et qui réunies constituent par cette raison les deux parties de la philosophie (la partie théorique et la partie pratique) comme parties d’un système doctrinal ; telle est en même temps la transition ménagée par le jugement, qui lie par un principe propre deux parties en passant du substratum sensible de la première philosophie au substratum intelligible de la seconde, par la critique d’une faculté (le jugement) qui sert uniquement de lien et ne peut par conséquent produire d’elle-même aucune connaissance, ni fournir matière è la doctrine, mais dont les jugements que l’on nomme jugements esthétiques (dont les principes sont purement subjectifs), en se distinguant de tous ceux dont les principes sont objectifs (qu’ils soient du reste théoriques ou pratiques) et qu’on a appelés jugements logiques, sont d’une espèce si particulière qu’ils rappor-