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SUR LA PHILOSOPHIE


contenu dans de semblables jugements, il faudrait, puisqu’ils prétendent à la nécessité, admettre la possibilité d’affirmer d’un jugement qu’il doit réellement valoir universellement, parce que l’observation prouve que telle est en effet sa valeur, et réciproquement que, de ce que chacun juge d’une certaine façon, il suit que chacun doit effectivement juger ainsi ; ce qui est une manifeste absurdité.

Les jugements esthétiques de réflexion renferment à la vérité la difficulté de n’être absolument pas fondés sur des notions, et de ne pouvoir être déduits d’aucun principe déterminé, parce que autrement ils seraient des jugements logiques. Mais la représentation subjective de finalité ne doit pas être du tout une notion de quelque fin. Cependant le rapport à un principe a priori peut et doit toujours avoir lieu encore lorsque le jugement prétend à la nécessité. Ce n’est que d’un semblable jugement et de la possibilité d’un tel droit qu’il est ici question. Cette prétention occasionne néanmoins une critique rationnelle qui consiste à rechercher le principe fondamental même quoiqu’indéterminé. Elle peut parvenir à le trouver et à le reconnaître comme un principe qui est subjectivement et a priori la base du jugement, quoiqu’il ne puisse jamais créer une notion déterminée de l’objet.

Il faut avouer aussi que le jugement téléologique se fonde sur un principe a priori et qu’il est impossible sans lui, quoique nous trouvions seulement par l’expérience la fin de la nature dans ces sortes de jugements, et que nous ne puissions pas reconnaître,