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EN GÉNÉRAL.

capacité d’en acquérir. Observer psychologiquement (comme Burke dans son écrit sur le beau et le sublime), par conséquent réunir les matériaux pour établir ultérieurement et d’une manière systématique des règles de l’expérience, sans vouloir pourtant les comprendre, est bien la seule fonction véritable de la psychologie empirique, qui ne peut prétendre que bien difficilement au rang d’une science philosophique.

Mais si un jugement se donne pour universellement valable, et élève par conséquent des prétentions à la nécessité dans son affirmation, que cette prétendue nécessité repose sur des notions d’un objet a priori, ou sur des conditions subjectives de notions qui servent de principes a priori, il serait absurde, si l’on reconnaissait la prétention d’un tel jugement, de la justifier en expliquant psychologiquement l’origine du jugement, car on agirait contrairement à ses vues ; et si l’explication tentée réussissait parfaitement, elle prouverait que le jugement ne peut élever absolument aucune prétention à la nécessité, par la raison précisément qu’on en peut démontrer l’origine empirique.

Or les jugements esthétiques de réflexion (que nous analyserons plus tard sous le nom de jugements de goût) sont précisément de cette espèce. Ils ont des prétentions à la nécessité ; et ne disent pas que chacun juge de telle manière, parce qu’ils deviendraient alors une question à résoudre pour la psychologie empirique ; mais ils disent qu’on doit juger ainsi, ce qui revient à dire qu’ils ont pour eux un principe a priori ; si le rapport à un principe de cette nature n’était pas