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SUR LA PHILOSOPHIE

voqué le jugement en matière de beauté dans telles ou telles circonstances locales ou sociales ; par quelle cause il a pu s’élever jusqu’au luxe, etc. : les principes d’une telle explication devraient être cherchés en grande partie dans la psychologie (et par psychologie on entend toujours en pareil cas la psychologie expérimentale seulement). C’est ainsi que les moralistes désirent expliquer avec le secours des psychologues l’étrange phénomène de l’avarice, qui met un prix absolu dans la simple possession des moyens de réaliser le bien-être (ou tout autre dessein) avec l’intention cependant de n’en jamais faire usage, ou le désir d’un honneur qu’on croit trouver dans la simple renommée sans autre but, afin de pouvoir établir en conséquence des règles, non de la loi morale, mais de l’aplanissement des obstacles qui s’opposent à son influence. Explications psychologiques misérables, il faut l’avouer, si on les compare aux explications, physiques, parce qu’elles consistent dans des hypothèses sans fin, et qu’on peut ajouter très facilement aux trois différents principes d’explication un quatrième tout aussi vraisemblable. Aussi une foule de ces prétendus psychologues qui savent mettre en scène, par des représentations pratiques, les causes de chaque passion ou mouvement de l’âme, excité par des objets de la nature, appellent aussi philosophie l’esprit qu’ils déploient dans ce genre de travail. Pour définir scientifiquement le phénomène le plus ordinaire de la nature dans le monde corporel, il> n’est pas, nécessaire d’avoir quelque connaissance, ni peut-être même la