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EN GÉNÉRAL.


tion de cette chose, est purement formelle. Mais si je parle d’une seule perfection (il peut y en avoir plusieurs dans une chose sous la même notion), la notion de quelque chose comme fin est toujours comme un fondement auquel la notion ontologique de l’accord du divers en une seule chose est appliquée. Mais cette fin ne peut pas toujours être une fin pratique qui suppose ou renferme un plaisir à l’occasion de l’existence de l’objet ; elle peut aussi appartenir à la technique, et alors elle concerne la simple possibilité des choses. En ce cas elle est la légitimité d’une liaison en soi contingente du divers dans le divers même. On peut prendre pour exemple la finalité que l’on croit nécessaire à la possibilité d’un hexagone régulier, puisqu’il est tout à fait contingent que six lignes égales forment sur un plan des angles parfaitement égaux ; car cette liaison régulière suppose à titre de principe une notion qui le rend possible. Une telle finalité objective, considérée dans les choses de la nature (surtout dans les êtres organisés), est donc conçue comme objective et matérielle, et emporte nécessairement avec elle la notion d’une fin de la nature (d’une fin réelle ou fictive) par laquelle nous attribuons encore aux choses la perfection. Cette espèce de jugement s’appelle téléologique et n’emporte en soi aucun sentiment deplaisir, de même que ce plaisir en général ne peut être recherché dans le jugement sur la simple liaison de causalité.

La notion de perfection comme finalité objectivent donc rien à démêler avec le sentiment de plaisir, et ce