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SUR LA PHILOSOPHIE


non pas esthétique (sensible), mais plutôt intellectuel, et les sens ne seraient au fond qu’un entendement qui jugerait (quoique sans conscience suffisante de ses propres actes). Le mode esthétique de représentation ne serait pas distingué spécifiquement du mode logique. Et, comme on ne peut tracer nettement les limites de l’une et de l’autre, cette différence de détermination serait ainsi tout à fait inutile. Quant à cette représentation mystique des choses du monde, qui n’admet aucune intuition sensible distincte des notions en général, en conséquence de laquelle il ne resterait alors comme mode de représentation qu’un entendement intuitif, ce n’est pas ici le lieu d’en parler.

On pourrait encore demander si notre notion de la finalité de la nature n’est pas la même chose que la notion de la perfection, et si par conséquent la conscience empirique de la finalité subjective, ou le sentiment de plaisir à l’occasion de certains objets, n’est pas l’intuition sensible d’une perfection ? C’est ainsi du moins que quelques-uns prétendent expliquer le plaisir en général.

Je réponds : la perfection comme simple plénitude, intégralité du multiple, en tant qu’il constitue quelque chose dans l’ensemble de ses parties, est une notion ontologique, identique à celle de la totalité d’un composé (par la coordination du divers en un seul agrégat, ou dans sa subordination comme principes et conséquences dans une série), et qui n’a rien de commun avec le sentiment de plaisir et de peine. La perfection d’une chose dans le rapport de sa diversité à une no-