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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE

On peut dire que toute la philosophie transcendantale qui précède nécessairement toute métaphysique n’est que la pleine solution de la question qui nous occupe, mais présentée dans un ordre systématique et avec développement, et qu’il n’y a eu jusqu’ici aucune philosophie transcendentale : ce qui en porte le nom n’est proprement, en réalité, qu’une partie de la métaphysique. Mais cette science doit avant tout fonder la possibilité de la métaphysique, et par conséquent précéder toute métaphysique. On ne doit donc pas s’étonner, puisqu’il nous faut toute une science, et une science privée de tout secours de la part des autres, une science par conséquent toute nouvelle, si, pour répondre d’une manière convenable à une seule question, il faut tant de peine, s’il y a tant de difficulté, et si on ne peut le faire sans aucune obscurité.

Puisque nous marchons maintenant à cette solution, et même suivant une méthode analytique où nous supposons que des connaissances par raison pure sont réelles, nous ne pouvons faire appel qu’à deux sciences de la connaissance théorique (la seule dont il s’agit ici), à savoir, les mathématiques pures et la physique pure : ces deux sciences seules peuvent, en effet, nous donner les objets en intuition, et par conséquent, s’il y a en elles une connaissance a priori, montrer la vérité ou l’accord de cette connaissance avec l’objet in concreto. c’est-à-dire sa réalité. De là on s’avance par la voie analytique jusqu’au fondement de cette connaissance. Ce qui facilite singulièrement l’œuvre où les considérations générales sont non seulement ap-