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EN GÉNÉRAL.

Mais c’est ici qu’il est sut tout nécessaire d’expliquer la définition du plaisir comme représentation sensible delà perfection d’un objet. D’après cette définition, un jugement esthétique de sens ou de réflexion serait toujours un jugement de connaissance d’un objet ; car la perfection est une détermination qui suppose une notion de l’objet ; en quoi par conséquent le jugement qui attribue la perfection à l’objet n’est pas différent des autres jugements logiques, ainsi qu’on le prétend sous prétexte qu’une certaine confusion s’attache à la notion (confusion qu’on est convenu d’appeler sensibilité, mais qui ne peut constituer absolument aucune différence spécifique des jugements ; car autrement une foule innombrable non seulement de jugements d’entendement, mais encore de jugements de raison, devraient aussi être appelés esthétiques parce qu’ils portent sur un objet déterminé par une notion qui est confuse : tel est, par exemple, le jugement sur le juste et l’injuste. Combien peu d’hommes en effet ont une notion claire de ce qui est juste ! La représentation sensible de la perfection est une contradiction formelle, et si la réduction du divers à l’unité doit être appelée perfection, elle doit être représentée par une notion, autrement elle ne peut porter le nom de perfection. Si l’on soutient que le plaisir et la peine ne doivent être que de simples connaissances-des choses par l’entendement (qui seulement n’aurait pas conscience de sa notion) et qu’ils nous semblent seulement n’être que de pures sensations, 011 devrait alors appeler le jugement des choses par le plaisir et la peine,