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SUR LA PHILOSOPHIE


elle-même spécifie ses lois transcendantales, suivant quelque principe. Mais ce principe ne peut être que celui de la conformité à la faculté même de juger, afin de rencontrer dans l’immense multiplicité des choses, selon les lois empiriques possibles, une suffisante affinité entre elles, et de les ranger sous des notions empiriques (classes), et celles-ci sous des lois plus générales (genres plus élevés), et arriver ainsi à un système empirique de la nature. — Mais de même qu’une telle classification n’est pas une commune connaissance expérimentale, mais bien une connaissance artielle, de, même la nature, en tant qu’elle est conçue se spécifiant, d’après un pareil principe, est aussi considérée comme un art, et de cette manière le jugement emporte nécessairement a priori un principe de la technique de la nature, technique qui est différente de la nomothètique de la nature, d’après les lois transcendantales de T’entendement, en ce que la nomothètique peut faire valoir son principe comme loi, tandis que celle-là ne peut faire passer le sien que pour une présomption nécessaire.

Le principe caractéristique du jugement est ainsi conçu : La nature a spécifié ses lois universelles en les rendant expérimentales, suivant la forme d’un système logique en faveur du jugement.

De là l’origine de la notion d’une finalité de la nature, comme notion propre du jugement réflexif, et non de la raison, attendu que la fin n’est pas placée dans-l’objet, mais seulement dans le sujet, et même dans la seule faculté de réfléchir du sujet ; car nous