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EN GÉNÉRAL.

L’acte de réflexion (qui se retrouve même chez les animaux, quoiqu’à l’état de pur instinct, c’est-à-dire non par rapport à une notion à obtenir par cette réflexion, mais qui précède sans doute un penchant à déterminer par là), atout aussi besoin pour nous-mêmes d’un principe que l’acte de détermination dans lequel la notion de l’objet mise en principe prescrit la règle du jugement, et tient par conséquent lieu du principe.

Le principe de la réflexion sur des objets donnés de la nature, consiste en ce que des notions empiriquement déterminées soient trouvées pour toutes les choses physiques (1)[1] ; ce qui revient à dire qu’on peut toujours

  1. (1) Ce principe n’a pas, au premier aspect, l’air d’une proposition synthétique et transcendantale ; il paraît plutôt tautologique et appartenir exclusivement à la logique. La logique., en effet, apprend la manière de comparer une représentation donnée avec une autre ; elle enseigne par conséquent que l’on peut se faire une notion de ce que telle représentation a de commun avec d’autres représentations diverses, comme d’un caractère d’un usage général. Mais, quant à la question de savoir si la nature offre encore beaucoup d’autres termes de comparaison pour chaque objet, ayant avec lui plusieurs points communs dans la forme, la logique n’apprend rien là-dessus. Cette condition de la possibilité de l’application de la logique à la nature est plutôt un principe de jugement servant à la représentation de la nature comme système, ou la diversité divisée par genres et par espèces, permet de ramener, au moyen de la comparaison, toutes les formes physiques à des notions (d’une généralité plus ou moins étendue). Or l’entendement pur apprend déjà (mais par des propositions synthétiques) à concevoir toutes les choses de la nature comme formant un système transcendantal suivant des notions a priori (les catégories). Mais le jugement (réflexif) qui cherche aussi des notions pour des représentations empiriques, comme telles, doit encore admettre à cet effet que la nature, dans sa diversité sans borne, a atteint une telle division de cette diversité en, genres et en espèces, qu’il devient possible à notre jugement de rencontrer l’harmonie des formes de la nature dans leur comparaison, et d’arriver à des notions empiriques et à la subordination dès uns aux autres pour s’élever ainsi aux notions empiriques les plus générales. C’est-à-dire que le jugement présuppose aussi un système de la nature selon des lois empiriques, et qu’il le fait a priori 9 par conséquent en vertu d’un principe transcendantal.