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INTRODUCTION.


qu’elles aient pour base le principe de contradiction et vous croyez cependant pouvoir les considérer comme entièrement indépendantes de toute expérience ! comment donc en êtes-vous venu là, et comment comptez-vous justifier de semblables prétentions ? Vous ne pouvez en appeler à l’assentiment de la raison universelle ; c’est un témoin dont l’autorité ne repose que sur la rumeur publique.

Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi.N(Horat.)
(Horat.)

Mais autant la réponse à cette question est nécessaire, autant elle est difficile en même temps ; et si la principale raison pour laquelle on n’a pas depuis longtemps cherché à la résoudre tient à ce que l’on ne s’est pas même douté qu’il puisse y avoir là une question, il y en a cependant une autre cause ; c’est qu’une réponse satisfaisante à cette seule question exige une réflexion beaucoup plus soutenue, plus profonde et plus pénible que l’œuvre métaphysique la plus étendue, qui à première vue promet l’immortalité à son auteur. Aussi tout lecteur clairvoyant, quand il considère avec soin les exigences du problème, effrayé tout d’abord de la difficulté, doit l’estimer insoluble, et, s’il n’y avait réellement pas de ces connaissances synthétiques pures a priori, les tenir complétement et absolument pour impossibles. C’est effectivement ce qui est arrivé à David Hume, quoiqu’il ne se fît pas à beaucoup près une idée aussi étendue qu’il y a lieu et qu’elle doit être pour que la ré-