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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


vrais tous les deux, parce que la série des conditions est envisagée de deux manières différentes, à savoir comme un objet de la sensibilité ou comme un objet de la simple raison. En effet les conséquences conditionnées sont données dans le temps ; mais on leur i conçoit des causes ou des conditions, et qui peuvent être de toutes sortes. Si donc ie dis : Tous les v événements du monde sensible arrivent par des causes naturelles, je donne des phénomènes pour conditions. Si l’adversaire dit : Tout n’arrive pas par dès causes naturelles (causa phœnomenon), la première proposition devrait être fausse. Mais si je dis : Tout n’arrive pas par des causes simplement naturelles ; il peut arriver aussi quelque chose en même temps par des raisons sursensibles (causa noumenon), je dis alors moins qu’il ne faut pour qu’il y ait opposition à l’égard de la totalité des conditions dans le monde sensible, car j’admets une cause qui n’est pas limitée à la première espèce de conditions, ou à celle du monde sensible ; elle ne répugne donc pas aux conditions de cette espèce, puisque je me représente simplement le monde intelligible, dont la pensée est déjà dans la notion d’un mundi phœnomenon, où tout est conditionné ; la raison ne contredit donc pas ici la totalité des conditions.

Cet état de tranquillité sceptique, qui ne contient pas de scepticisme, c’est-à-dire aucune renonciation en la certitude à l’extension de notre connaissance ra— * tiônnelle au-delà des limites d’une expérience possible, est donc très salutaire, puisque sans elle nous