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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE
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de la métaphysique et de ses sources, et qu’on se rappellera toujours, je l’espère, d’après les explications plus haut données, que quand nous parlons ici de connaissances par raison pure, il n’est jamais question que des connaissances synthétiques, et non des analytiques[1].

De la solution de cette question dépend donc celle de savoir si une métaphysique sera ou ne sera pas conservée, et, par suite, celle de son existence même. Qu’on donne à ses assertions métaphysiques tout l’air de vraisemblance possible, qu’on entasse arguments sur arguments, si l’on ne répond d’abord pertinemment à cette question, j’ai le droit de dire : tout cela ne signifie rien, c’est une philosophie sans fondement, une fausse sagesse. Vous parlez au nom de la raison pure, et vous croyez acquérir des connaissances en quelque sorte a priori, parce que non seulement vous décomposez des notions données, mais que vous présentez de nouvelles alliances de concepts, sans

  1. Il est impossible d’empêcher que, si la connaissance progresse insensiblement, certaines expressions, déjà devenues classiques, qui datent encore de l’enfance de la science, ne soient trouvées par la suite insuffisantes, mal appropriées, et qu’un certain usage nouveau et plus convenable ne courre le risque d’être confondu avec l’ancien. La méthode analytique, comme opposée à la synthétique, est tout autre chose qu’un ensemble de propositions analytiques ; elle signifie seulement que l’on part de ce qui est cherché, comme s’il était donné, et qu’on s’élève aux conditions sous lesquelles il est possible. Dans cette marche, on se sert souvent de simples propositions synthétiques, comme l’analyse mathématique en est un exemple ; on pourrait l’appeler plus exactement méthode regressive< ! -— cf Discussion —->, pour la distinguer de la méthode synthétique ou progressive. Le nom d’analytique est encore usité pour indiquer une partie de la logique ; et alors il s’agit de la logique de la vérité, par opposition à la dialectique, sans qu’il soit proprement question de savoir si les connaissances qui la concernent sont analytiques ou synthétiques.