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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


donné, mais il n’est pas pensé ; par la notion sans intuition correspondante, il est pensé, mais il n’est pas donné ; dans les deux cas il n’est donc pas connu. Si l’intuition a priori correspondant à une notion peut être donnée conjointement, on dit alors que cette notion est construite ; si ce n’est qu’une intuition empirique, on l’appelle un simple exemple de notion. Le fait d’ajouter l’intuition à la notion s’appelle dans les deux cas exposition (exhibitio) de l’objet ; sans elle (qu’elle soit médiate ou médiate) il ne peut y avoir de connaissance.

La possibilité d’une pensée ou d’une notion repose sur le principe de contradiction, par exemple la notion d’un être pensant incorporel (d’un esprit). La chose dont la simple pensée est impossible (c’est-à-dire la notion contradictoire) 3 est elle-même impossible. Mais la chose dont la notion est possible n’est pas pour cela une chose possible. La première possibilité peut s’appeler logique ; la seconde, réelle. La preuve de la dernière est la preuve de la réalité objective delà notion, preuve qu’on a toujours le droit d’exiger. Mais elle ne peut être donnée que par l’exposition de l’objet correspondant à la notion, car autrement il ne reste jamais qu’une pensée qui, si elle a un objet correspondant, ou si elle est vide, c’est-à-dire si elle ne peut servir à la connaissance en général, reste incertaine jusqu’à ce que cet objet soit montré en exemple (1)[1].

  1. (1) Un certain auteur voudrait échapper à cette exigence, par un cas qui, en fait, est unique dans son espèce, à savoir la notion d’un être né-
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