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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


extravagante què toutes ces connaissances ne sont pas des acquisitions faites nouvellement pendant la vie terrestre, mais un simple souvenir d’idées antérieures dont la raison ne peut être que le commerce avec l’entendement divin. Ces produits de la raison auraient porté, dit-on, un pur mathématicien à sacrifier un hécatombe ; mais leur possibilité ne le ravit point d’admiration, par la raison qu’il ne s’occupait que de son objet, et que le sujet, comme capable de le connaître à ce point de profondeur, ne donnait aucune occasion de méditer et de s’enthousiasmer sur ce point. Un simple philosophe tel qu’Aristote, au contraire, n’aurait pas assez remarqué la différence infinie de la raison pure, en tant qu’elle s’étend d’elle-même, s’avançant par raisonnements de ce qui est dérivé de principes empiriques à quelque chose de plus général, et n’aurait par conséquent pas éprouvé cette admiration. Ne regardant la métaphysique que comme une physique s’élevant à des degrés supérieurs, il n’aurait rien trouvé d’étonnant ni d’incompréhensible dans sa prétention de s’élever au sursensible ; seulement la difficulté d’en trouver le secret devait présenter la difficulté qu’on rencontre en effet.


SECONDE SECTION.


Détermination du problème en question relativement aux facultés de connaître qui constituent la raison pure en nous.


Cette question ne peut se résoudre qu’à la condition de la considérer d’abord à l’égard de la faculté que l’homme possède d’étendre sa connaissance a priori,