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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


pas encore été posée, et moins encore résolue. Le présent traité montrera surabondamment par la suite qu’il y a cependant des propositions synthétiques a priori et que la raison ne sert pas seulement à expliquer analytiquement des notions tout acquises (œuvre très nécessaire pour bien se comprendre soi-même tout d’abord), mais qu’elle est aussi capable d’étendre synthétiquement son acquis a priori, et que la métaphysique, en ce qui regarde les moyens dont elle se sert, repose sur les premières, mais qu’en ce qui regarde le but qu’elle se propose, elle se fonde entièrement sur cette dernière espèce d’opération. Mais comme les progrès que la métaphysique prétend avoir faits peuvent encore être l’objet d’un doute, alors s’offre la figure imposante des mathématiques pures pour prouver la réalité de connaissances étendues parla seule raison pure, malgré les attaques du douteur le plus résolu. Et quoiqu’elles n’aient nul besoin, pour garantir la légitimité de leurs décisions, d’une critique de la raison pure elle-même, et qu’elles se justifient par leurs propres œuvres, elles sont cependant un exemple certain qui prouve du moins la réalité du problème le plus élevé de la métaphysique : Comment des propositions synthétiques a priori sont-elles possibles ?

Il prouve plus que tout autre comment l’esprit philosophique de Platon, mathématicien distingué, put être si émerveillé, en voyant la raison pure côtoyer l’entendement avec des principes supérieurs et inattendus en géométrie, qu’il alla jusqu’à cette pensée