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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


temps et dans un autre pays, ainsi que par rapport au défaut de la connaissance qu’on y cherche. Et comme il ne peut y avoir de différence nationale en ce qui regarde le besoin de la raison pure, on peut, par l’exemple de ce qui est arrivé, de ce qui a manqué ou réussi chez un peuple, juger d’une manière certaine du retard ou du progrès de la science en général pour chaque temps et chaque peuple, et résoudre ainsi le problème comme une question qui touche la raison humaine en général.

C’est donc la pauvreté de la science seulement, et les bornes étroites où elle se trouve renfermée qui font qu’on peut l’exposer tout entière dans une courte esquisse, et de manière cependant à pouvoir juger de tout son légitime acquis. Mais la diversité comparativement grande des conséquences par rapport au petit nombre de principes auxquels la critique conduit la raison pure, rend au contraire très difficile la tentative d’établir pleinement mais brièvement cet acquis, comme le demande l’Académie ; car l’examen partiel ne prouve rien en métaphysique, tandis que le rapport de chaque proposition au tout de l’usage rationnel pur est la seule chose qui puisse garantir la réalité de ces progrès. Une concision féconde et sans obscurité demandera donc presque plus de soin attentif dans le traité qui va suivre, que la difficulté de répondre à une question qui doit être maintenant résolue.