Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
404
PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


réelle), qui ne peut pas servir à s’élever au sursensible. De sorte que la métaphysique diffère des mathématiques en ce qu’elle est considérée comme une science philosophique qui est un ensemble de la connaissance rationnelle par notions a priori (sans leur construction). Comme enfin, pour étendre la connaissance au-delà des limites du sensible, il faut avant tout une pleine connaissance de tous les principes a priori qui sont appliqués au sensible, la métaphysique, si l’on veut la caractériser, non pas tant par son but que par les moyens d’arriver à une connaissance en général par des principes a priori, c’est-à-dire d’après la simple forme de son procédé, doit être définie le : système de toute connaissance rationnelle pure des choses par des notions.

Or, on peut prouver avec une entière certitude que jusqu’à Leibniz et Wolf inclusivement, la métaphysique n’a pas fait la moindre acquisition par rapport à son but essentiel, pas même celle de la simple notion de quelque objet sensible, au point d’avoir pu prouver en même temps théoriquement la réalité de cette notion, ce qui eût été le plus petit progrès possible vers le sursensible, auquel cependant eût toujours manqué la connaissance de cet objet en dehors de toute expérience possible. Quoique la philosophie transcendantale, en ce qui regarde ses notions a priori (qui valent pour des objets d’expérience), eût reçu par-ci par-là quelque extension, comme cette extension n’est pas celle qu’ambitionne la métaphysique, on ne peut dire avec raison que cette science ait fait jusqu’à