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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


rement pratico-dogmatique, c’est-à-dire subjectivement moral, ce qui veut dire qu’elle n’est pas destinée à servir de base aux lois de la moralité, ni même à donner un fondement a sa fin dernière, car la moralité subsiste par elle-même, mais qu’elle sert à concevoir l’idée du souverain bien possible dans un monde, bien qui, considéré objectivement et théoriquement, dépasse notre faculté d’atteindre une réalité à cet égard, par conséquent au point de vue pratique. En ce sens, la simple possibilité de concevoir un tel être suffit, et un progrès vers ce sursensible est une connaissance qu’on peut en avoir, mais au point de vue pratico-dogmatique.

C’est donc un argument qui suffit à prouver l’existence de Dieu, comme être moral, et pour le faire accepter par la raison humaine, en sa qualité de raison moralement pratique. Il peut fonder une théorie du sursensible, mais seulement comme acheminement pratico-dogmatique à ce terme. Ce n’est donc pas proprement une preuve de l’existence de Dieu dans le sens absolu du mot (simpliciter), mais seulement à certain égard (secundum quid), à savoir par rapport à la fin suprême de l’homme moral. Il est donc tout simplement raisonnable de l’admettre si l’homme, en conséquence d’une idée qu’il se fait à lui-même par suite de ses principes moraux, tout comme s’il la tirait d’un objet donné, a le droit d’avoir une influence sur ses résolutions.

Cette théologie n’est sans doute pas une théosophie, c’est-à-dire une connaissance de la nature divine, qui